Ridha Kalaï n’est plus/ L’archet magique
L’image d’un jeune virtuose du violon tirant de son instrument des accents déchirants de beauté et de pureté ne cessera de s’accrocher à la mémoire de tous ceux qui ont assisté au début des années cinquante à sa naissance artistique. Son être noueux comme un chêne faisait corps avec le bois du violon, tous deux fondus en une communion de mélodieuses sonorités qui transportaient l’assistance dans une sorte d’euphorie traversée de vibrations charnelles. Révélation, disait Beethoven à propos de la musique. Si quelqu’un avait incarné cette dimension de la musique dont parle l’illustre allemand, c’est bien Ridha Kalaï qui vient de nous quitter, laissant un vide irremplaçable.
Virtuose à l’archet jubilatoire, le regretté était aussi un excellent compositeur dont les airs ont imprégné pendant longtemps le climat musical de notre pays. Airs simples, légers et profonds à la fois, qui chantent la beauté des filles du pays profond, de Zarzis et de Jerba, de ces femmes qui fleurent l’olivier et la mûre appétissante.
Personne mieux que lui n’a restitué avec autant de bonheur les senteurs du terroir, aidé, en cela, par d’inimitables interprètes: Naâma, Oulaya et bien d’autres.
Adieu l’artiste. La Tunisie ne t’oubliera jamais.
A.C.
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* Une carrière riche
Ridha Kalaï est décédé, hier, à l’âge de 73 ans. Cet artiste a, tout au long de sa carrière, brillé par ses compositions et ses interprétations en solo au violon.
Il a été l’un des fondateurs de la troupe “El Manar” en 1948 et a contribué à la réussite de plusieurs chanteuses et chanteurs en les accompagnant au violon sur un registre, souvent, typiquement tunisien. Il s’agit notamment de Hédi Mokrani, Hédi Kallel et Oulaya.
Sa réputation d’excellent violoniste lui a valu d’être connu non seulement en Tunisie mais aussi dans le monde arabe.
L’une de ses célèbres compositions porte le nom de “Djerba”.
:( alah yarhmou